La diversité fait sa richesse,

                            matérielle comme culturelle et spirituelle

                     

Je voudrais d’abord, au nom des organisations syndicales, remercier et féliciter les entreprises qui ont obtenu ces labels. En choisissant la diversité, elles lancent un signal fort sur ce qu’est et doit être Bruxelles. Nous savons bien que ce n’est pas toujours facile. Dans la vie courante, dans la vie professionnelle comme dans la vie politique, on s’évite certains problèmes lorsqu’on reste entre gens qui nous ressemblent, qui se ressemblent.                         

Certains votes se sont succédés depuis quelques mois dans certains pays du monde, qui consternent une grande partie du monde. Ces votes donnent à penser que l’air du temps, la voix du soi-disant peuple, soi-disant voix de Dieu face aux soi-disant élites soi-disant déconnectées de la réalité, que l’air du temps c’est de dire, chacun dans sa langue : « eigen volk eerst ». Et à partir du moment où on embraye sur ce thème, il n’y a pas de raison que ça s’arrête.

Il n’y a pas beaucoup d’exemples où une communauté qui refuse de reconnaître comme son frère celui qui a une autre couleur de peau ou pratique une autre religion, reconnaisse comme son frère les éléments les plus fragiles de sa propre communauté, comme les malades, les personnes handicapées, les pauvres, voire tout simplement les femmes. Bruxelles n’est pas la plus grande ville du monde, mais elle est reconnue comme une des villes les plus cosmopolites du monde. Si on s’intéresse un peu à l’histoire de la ville, on découvre vite que c’est à ce caractère cosmopolite que Bruxelles doit son développement, que partie d’une obscure ferme agricole dans les marécages de la Senne, elle est aujourd’hui le siège des principales institutions européennes.

La diversité fait sa richesse, matérielle comme culturelle et spirituelle. Nous savons que des forces se coalisent pour discréditer cette diversité. Des forces extérieures à nos traditions, opposées à ce qui est en train de lentement se construire, prêtes à la violence aveugle. Mais aussi, ne nous voilons pas la face, des forces internes à notre société belge, qu’il est inutile de désigner de façon plus précise. Oui, Bruxelles doit lancer au monde le message que lutter contre les excès  de la mondialisation économique ne veut pas dire se replier sur soi.

C’est peut-être délicat ou rabat-joie de le dire en présence d’entreprises qui, comme celles qui sont à l’honneur aujourd’hui, ont fait l’effort et le pari de la diversité, mais la procédure que nous couronnons aujourd’hui ne concerne qu’une partie finalement limitée des entreprises bruxelloises. Comme organisation syndicale, nous voulons dire que nous soutenons la préoccupation du gouvernement régional, de renforcer la politique favorisant la diversité et luttant contre les discriminations.

Nous sommes en train de discuter, les interlocuteurs sociaux et le gouvernement, sur cette question. Je crois que nous pouvons dire que nous sommes d’accord sur les objectifs. Il est cependant vrai que nous n’avons pas encore trouvé un accord sur certains moyens. J’ai personnellement l’impression que ce désaccord pourrait n’être que provisoire. Il est peut-être vrai que, présentées sans mise en contexte, des idées comme les tests de situation peuvent faire peur. Mais nous n’avons pas eu beaucoup le temps de discuter sur ce que cela pouvait dire réellement, dans quels cas et dans quels conditions ce genre de procédure pourrait contribuer à lutter contre les situations inacceptables.

C’est dans l’espoir que nous trouverons prochainement les voies d’un accord que je renouvelle mes remerciements et mes félicitations à ceux qui sont présents ici.

Intervention de Paul Palsterman pour le front commun syndical,

secrétaire régional bruxellois de la CSC,

lors de la remise des labels « diversité » d’Actiris, 9.12.2016